Mes souvenirs de saint Josémaria (I)

José Luis Soria est un médecin qui a connu saint Josémaria en 1953. Il a été ordonné prêtre en 1956 et, de là jusqu'à la mort de saint Josémaria en 1975, il a vécu et travaillé avec lui à Rome. Depuis 1997 l’abbé Soria exerce son ministère sacerdotal à Vancouver.

Il en est des portraits littéraires comme de portraits photographiques, sculptés ou peints.

En recourant à des mots, on peut décrire une personne de bien des manières, selon les compétences, la psychologie et l’humeur de l’artiste, mais tout bon portrait exige énormément de son auteur : en fait tout peintre ou sculpteur n’est pas nécessairement un bon portraitiste.

L’on dit d’un portrait peint remarquable qu’il doit relever le défi de donner vie au sujet sans le recours à l’oral ou à l’écrit.

Un poète hollandais, faisant des observations sur le célèbre portrait de Cornelis Anslo - un prédicateur renommé - par Rembrandt disait : “C’est juste, Rembrandt peint la voix de Cornelis! Son être visible passe en second lieu. On ne peut connaître l’invisible que par des mots. Pour parvenir à voir Anslo, on doit l’entendre”.

Dans cette chronique et ses parutions subséquentes, ma tâche consistera à établir un portrait (et non le portrait) de saint Josémaria Escriva.

Mes références comme peintre sont inexistantes, mais mes lettres de créance pour tenter d’établir un portrait littéraire du fondateur de l’Opus Dei se trouvent dans les vingt-deux années où j’ai vécu auprès de lui, à Rome, de 1953 jusqu’au jour même de sa mort le 26 juin 1975.

Étant son médecin de famille durant les dernières années de sa vie, ce jour-là, j’ai tenté de le réanimer après qu’il ait subi une crise cardiaque foudroyante dans la pièce où ses deux futurs successeurs à la tête de l’Opus Dei et moi-même nous nous trouvions. Après une heure et demie de vains efforts d’un petit groupe impliqué dans cette tâche, dont certains étaient également médecins, de mes doigts, j’ai fermé ses yeux.

Les peintres recourent fréquemment à des esquisses dans leur travail.

Dans une esquisse classique, on met l’accent habituellement sur la conception d’ensemble et la composition de l’oeuvre, sur son impression générale, et on utilise comme outils trois principaux genres d’esquisses.

Le premier- parfois désigné comme un croquis - vise à aider l’artiste à se rappeler d’une scène ou d’un fait qu’il a vu et qu’il désire noter sous une forme plus durable.

Le deuxième type se rattache au portrait, et permet de noter l’expression d’un visage, si une tête est tournée, ou d’autres caractéristiques physiques d’un éventuel modèle.

Le troisième est une pochade, où l’artiste recrée, habituellement en couleur, les effets atmosphériques et les impressions générales d’un paysage.

Dans ces textes, ma tâche consistera à vous présenter des esquisses des deux premiers types (le croquis et les notes que j’ai conservées dans ma mémoire depuis que j’ai rencontré saint Josémaria pour la première fois et au cours des quelques années suivantes), de même qu’un portrait plus complet qui se fonde sur les autres vingt ans où j’ai travaillé et vécu auprès de lui.

D’autres auteurs ont pris soin de la pochade, nous décrivant l’époque et le déroulement historique de la vie et de l’oeuvre de saint Josémaria. Mentionnons, parmi d’autres, John Coverdale, Andrés Vazquez de Prada et Peter Berglar, qui ont écrit de magnifiques esquisses biographiques ou des biographies complètes de saint Josémaria, le fondateur de l’Opus Dei.

- L’abbé Joseph L. Soria

Le texte original a paru en anglais dans Westbrook Voice.