Pourquoi aller à la béatification ?

Monseigneur Le Gall, archevêque de Toulouse, ira à Madrid pour la béatification de Mgr Alvaro del Portillo. Il nous explique pourquoi il a décidé de participer à cette béatification.

1. À Toulouse, nous avons depuis plus de 30 ans deux centres de l’Opus Dei, l’un pour des jeunes gens et l’autre pour des jeunes filles. Ils sont vivants et de nombreux jeunes les fréquentent, ainsi que bien des familles, par ailleurs impliquées dans la vie de leurs paroisses. Je suis très content de leur présence dans notre ville. Plusieurs séminaristes sont venus de ces cercles et j’en suis reconnaissant. Pourtant le contexte de la ville n’est pas toujours favorable à l’Œuvre, qui est toujours victime d’une image de secte plus ou moins secrète, ne recrutant que dans des milieux favorisés. C’est pourquoi, je suis heureux de mieux connaître cette spiritualité dans le pays qui l’a vue naître (j’ai déjà séjourné à Torreciudad) auprès des personnes qui la soutiennent.

Mgr. Le Gall

  • 2. Au Moyen-Âge, nombreux étaient les évêques canonisés, souvent issus des milieux monastiques. La charge épiscopale est l’occasion de pratiquer les vertus chrétiennes, parfois jusqu’à l’héroïsme : sanctifier les autres est sanctifiant pour soi-même ; pour les évêques comme pour les prêtres le ministère conduit à « grandir dans la charité », selon l’expression de la deuxième Prière eucharistique. Je suis touché par la figure de Mgr Alvaro del Portillo, faite d’humilité et de fidélité affectueuse, vrai disciple de Jésus qui s’est dit lui-même « doux et humble de cœur ». Sa personnalité est moins sujette à controverse que celle du fondateur et peut aider à découvrir la vraie grâce propre de l’Opus Dei.
  • 3. Son souci des pauvres et de la justice sociale est aussi un trait qui rend actuelle la figure du Serviteur de Dieu. Le Pape François parle souvent d’une Église pauvre pour les pauvres, avec les pauvres. Diaconia 2013 en France, à Lourdes, nous a permis de comprendre que nous ne devons pas seulement nous mettre au service des pauvres, mais avoir la volonté de les mettre au cœur de nos communautés comme acteurs ; leur parole et leur exemple peuvent aussi nous évangéliser en profondeur. Souligner cette dimension dans l’Œuvre peut contribuer à réajuster son image dans nos communautés de Toulouse et d’ailleurs.
  • 4. Je dois dire aussi que je suis souvent touché par la façon dont les « numéraires » et les « surnuméraires » m’assurent de leur prière pour moi et pour le diocèse. J’aimerais que beaucoup aient un tel amour vrai du diocèse, si précieux pour que grandisse « l’âme diocésaine ».
  • 5. Parmi les orientations que je donne au diocèse figure le besoin de « revisiter les sacrements », particulièrement celui de la réconciliation. Le zèle que l’on trouve dans l’Œuvre pour les confessions, tant chez les prêtres que chez les fidèles, est exemplaire à cet égard et peut aussi nous inspirer, restant sauves les libertés de chacun. La ville de Toulouse offre à tous une grande variété de spiritualités, où celle de l’Opus Dei a toute sa place, avec son intelligence pratique de l’apostolat des laïcs là où ils sont, comme l’a enseigné le Concile Vatican II.

+ fr. Robert Le Gall, O.S.B.
Archevêque de Toulouse