Fioretti mars 2017

"Se convertir, ce n’est pas aller voir une fée qui nous convertit d’un coup de baguette magique, non ! C’est un chemin." Pour pardonner, il faut avoir conscience d'être pardonné et donc avoir conscience de son péché : voici quelques idées du Pape François exprimées pendant le Carême.

Demandons la grâce de la honte

À Sainte-Marthe, le 21 mars 2017 :

« Dans l’Évangile (Mt 18, 21-35), le serviteur auquel le maître a remis sa dette mais qui ne remet pas à son débiteur « n’a pas compris le mystère du pardon ». Il a l’impression de « s’en être tiré », d’avoir été « malin » il n’a pas compris la « générosité du maître ». Souvent « en sortant du confessionnal nous sentons cela, nous sentons que nous nous en sommes bien tirés ». C’est « l’hypocrisie de voler un pardon, un pardon artificiel […]

« Si tu n’as pas conscience d’être pardonné tu ne pourras jamais pardonner, jamais […] Le pardon est total. Mais je ne peux le faire que quand je sens mon péché et que j’en ai honte : j’ai honte, je demande pardon à Dieu et je me sens pardonné par le Père et ainsi je peux pardonner ». […] Qui suis-je pour ne pas pardonner? ».

Ni Ligue 1, ni Ligue 2

Audience générale 22 mars 2017 :

« Qui fait l’expérience dans sa vie de l’amour fidèle de Dieu et de sa consolation […] a le devoir d’être proche de ses frères les plus faibles et de prendre en charge leurs fragilités. Si nous sommes proches du Seigneur, nous aurons cette force pour être proches des plus faibles, des plus démunis, pour les consoler et leur donner de la force […] Cela, nous pouvons le faire sans faire ce qui nous plaît, mais en sentant que nous sommes comme un ‘canal’ qui transmet les dons du Seigneur ; et ainsi il devient concrètement un ‘semeur’ d’espérance. C’est ce que le Seigneur nous demande avec cette force et cette capacité de réconforter et d’être des semeurs d’espérance. Et aujourd’hui, il est nécessaire de semer l’espérance, ce n’est pas facile…

Le fruit de ce style de vie n’est pas une communauté dans laquelle certains sont de ‘ligue 1’, à savoir les forts, et les autres de ‘ligue 2’, à savoir les faibles. Le fruit, au contraire, est, comme dit Paul, ‘être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus’. La parole de Dieu alimente une espérance qui se traduit concrètement dans le partage, un service réciproque. Parce que même celui qui est ‘fort’ se retrouve tôt ou tard à expérimenter la fragilité et à avoir besoin du réconfort des autres ; et vice-versa dans la faiblesse, on peut toujours offrir un sourire ou une main au frère en difficulté. »

’Cette voisine qui dit du mal de moi tous les jours !’

À la paroisse romaine Santa Maria Josefa del Cuore di Gesù, le 19 février 2017 :

« ‘Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint’ (Lv 19,2). C’est Dieu le Père qui parle. Et l’Évangile se termine par cette Parole de Jésus : ‘Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait’ (Mt 5,48). […] C’est le programme de vie. Soyez des saints, parce qu’Il est saint ; soyez parfaits, parce que Lui est parfait. Vous pourriez me demander : ‘Mais, Père, quel est le chemin pour arriver à la sainteté, quel est le chemin pour devenir des saints ?’ Jésus l’explique bien dans l’Évangile […]. ‘Avant il a été dit : ‘Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant’ (Mt 5,38-39). Autrement dit pas de vengeance. Si j’ai du ressentiment dans le cœur pour quelque chose que quelqu’un m’a fait et que je veux me venger, je m’éloigne du chemin qui conduit à la sainteté. Pas de vengeance. ‘Tu m’as fait ça : tu me le paieras!’. C’est chrétien ça ? Non. ‘Tu me le payeras’ n’est pas dans le langage d’un chrétien. Pas de vengeance. Pas de rancœur. ‘Mais cet homme me rend la vie impossible !…’ ’Cette voisine dit du mal de moi tous les jours ! Moi aussi je dirai du mal d’elle … ‘. Non. Que dit le Seigneur ? ‘Prie pour elle’ – Moi je devrais prier pour elle ?’ – Oui, prie pour elle. C’est le chemin du pardon, de l’oubli des offenses qu’on nous fait. Tu reçois une gifle sur la joue droite ? Tends-lui l’autre aussi. On triomphe du mal par le bien, on triomphe du péché avec cette générosité, avec cette force.

[…]

C’est cela la sainteté. Un homme et une femme qui font cela, méritent d’être canonisés: ils deviennent des saints. La vie chrétienne est si simple. Je vous suggère de commencer à petite échelle. »

Se convertir, ce n’est pas aller voir une fée qui nous convertit d’un coup de baguette magique

À Sainte-Marthe le 14 mars 2017 :

« Il faut apprendre à faire le bien. Et « ce n’est pas facile de faire le bien, nous devons l’apprendre, toujours. Se convertir, ce n’est pas aller voir une fée qui nous convertit d’un coup de baguette magique, non ! C’est un chemin. C’est un chemin de s’éloigner (du mal) et d’apprendre ».

Le Christ, à travers le prophète, invite à apprendre « à faire le bien avec des choses concrètes, non pas par des paroles ». Dans l’Évangile (Mt 23,1-12), le Christ fait des reproches aux dirigeants du peuple d’Israël, parce qu’‘ils disent et ne font pas’ (Mt 23,1-12), ils ne connaissent pas le concret. Et s’il n’y a pas de concret, il n’y a pas conversion.

La Croix chrétienne n’est pas un bibelot de la maison

Angelus du 12 mars 2012 :

« Jésus transfiguré sur le mont Thabor a voulu montrer sa gloire à ses disciples, non pas pour leur éviter de passer par la croix, mais pour indiquer où conduit la croix. Qui meurt avec le Christ, avec le Christ ressuscitera. La croix est la porte de la résurrection. Qui lutte avec Lui, avec Lui triomphera. C’est le message d’espérance que la croix de Jésus contient, exhortant à la force dans notre existence. La croix chrétienne n’est pas un bibelot de la maison ou un ornement à porter, mais la croix chrétienne est un rappel de l’amour avec lequel Jésus s’est sacrifié pour sauver l’humanité du mal et du péché. En ce temps de carême, contemplons avec dévotion l’image du crucifix : Jésus en croix. Il est le symbole de la foi chrétienne, il est l’emblème de Jésus, mort et ressuscité pour nous. Faisons en sorte que la croix marque les étapes de notre itinéraire de carême pour comprendre toujours plus la gravité du péché et la valeur du sacrifice avec lequel le Rédempteur nous a tous sauvés. »

Pour faire la paix, dans le monde, il manque des oreilles

Le 11 mars à l’Association Telefono Amico Italia :

« Les grandes villes, tout en étant surpeuplées, sont l’emblème d’un genre de vie peu humain auquel les individus sont en train de s’habituer : indifférence diffuse, communication toujours plus virtuelle et moins personnelle, manque de valeurs solides sur lesquelles fonder l’existence, culture de l’avoir et du paraître […] Favorisons le dialogue ». La condition du dialogue étant « la capacité d’écoute, qui malheureusement n’est pas très commune […] Quelqu’un disait : pour faire la paix, dans le monde, il manque des oreilles, il manque des personnes qui sachent écouter, et puis de là vient le dialogue. Écouter l’autre demande patience et attention. Seul celui qui sait se taire, sait écouter. On ne peut pas écouter en parlant : bouche fermée ». L’écoute est « la manifestation la plus simple de charité envers les frères. Écouter Dieu, écouter le frère et la sœur qui a besoin d’aide, écouter un ami, un parent ».

Dieu est « l’exemple le plus excellent d’écoute : chaque fois que nous prions, Il nous écoute, sans rien demander et même nous précède et prend l’initiative en exauçant nos demandes d’aide.

Le pied du basketteur c’est la croix du Christ

Au clergé de Rome, le 2 mars 2017 :

« ‘Augmente en nous la foi’ […] Nous le demandons avec la simplicité du Catéchisme qui nous dit : ‘Pour vivre, croître et persévérer jusqu’à la fin dans la foi, nous devons la nourrir par la Parole de Dieu ; nous devons implorer le Seigneur de l’augmenter’. C’est une foi qui doit agir par la charité (Ga 5, 6 ; cf. Jc 2, 14-26), être portée par l’espérance (cf. Rm 15, 13) et être enracinée dans la foi de l’Église.» (n. 162).

Cela m’aide de m’appuyer sur trois points fermes : la mémoire, l’espérance et le discernement du moment. La mémoire, comme dit le Catéchisme, est enracinée dans la foi de l’Église, dans la foi de nos pères ; l’espérance est ce qui nous soutient dans la foi ; et le discernement du moment, je le garde présent au moment d’agir, de mettre en pratique cette ‘foi qui agit par la charité’ […].

Quand je parle de points fixes ou de ‘faire pivot’, l’image que j’ai à l’esprit est celle du joueur de basket-ball, qui plante son pied par terre comme un ‘pivot’, en effectuant des mouvements pour protéger la balle ou pour trouver un espace pour la passer, ou pour prendre son élan et aller au filet. Pour nous, ce pied planté au sol, autour duquel nous pivotons, est la croix du Christ. […]

La foi – le progrès et la croissance dans la foi – se fonde toujours sur la croix : ‘il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile’, d’un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes’ (1 Cor 1, 21.23) »

Les chapeaux de nos grand-mères

Au clergé de Rome, le 2 mars 2017 :

« La foi s’alimente et se nourrit de la mémoire. La mémoire de l’Alliance que le Seigneur a faite avec nous : il est le Dieu de nos pères et de nos grands-parents. Il n’est pas le Dieu du dernier moment, un Dieu sans histoire de famille, un Dieu qui, pour répondre à tous les nouveaux paradigmes, devrait écarter les précédents comme s’ils étaient vieux et ridicules. L’histoire familiale n’est jamais démodée ».

Les vêtements et les chapeaux de nos grands-parents pourront sembler vieux, les photos seront couleur sépia, mais l’affection et l’audace de nos pères, qui se sont dépensés pour que nous puissions être ici et avoir ce que nous avons, sont une flamme allumée dans tous les cœurs nobles.

Gardons bien présent à l’esprit que progresser dans la foi ce n’est pas seulement la résolution volontariste de croire davantage à partir de maintenant : c’est aussi l’exercice de retourner avec la mémoire aux grâces fondamentales. On peut ‘progresser en arrière’, en allant chercher de nouveau des trésors et des expériences qui étaient oubliés et qui contiennent bien souvent les clés pour comprendre le présent. C’est quelque chose de vraiment ‘révolutionnaire’ : aller aux racines. Plus la mémoire du passé est lucide, plus clairement s’ouvre l’avenir, parce qu’on peut voir la route réellement neuve et la distinguer des routes déjà parcourues qui n’ont mené nulle part. La foi grandit en se souvenant, en reliant les choses avec l’histoire réelle vécue par nos pères et par tout le peuple de Dieu, par toute l’Église. »